L’Impératrice – Hématome
Album: Tako Tsubo
Label : microqlima
© 2021 microqlima
Une déformation du cœur due à une émotion intense : c’est ainsi qu’il faut comprendre l’expression japonaise Tako Tsubo (littéralement « piège à poulpe »). Mis en valeur par un mixage haut de gamme dû à Neal Pogue (OutKast, Stevie Wonder, Tyler, The Creator), cet album met donc l’état affectif sur la sellette. L’auditeur est avant tout agité par des harmonies chiadées et chaleureuses, ainsi que des mélodies légères et solaires, comme dans Tant d’amour perdu, avec ses synthés rétro scintillants, au charme indéniablement enveloppant.
Le cœur transformé, c’est aussi celui des pulsations funky et du groove imparable qui ont fait la réputation de L’Impératrice (Voodoo ?). Tako Tsubo questionne également l’injonction à être sans cesse heureux, ou tout du moins à l’afficher : soutenu par un clavier sophistiqué à la Paul McCartney, le titre Submarine célèbre le droit à la fragilité. Enfin, cet album est aussi la description élégante, imagée et décalée d’une autre déformation, celle d’une société dans laquelle les femmes donnent de la voix.
Dans Peur des filles, le sextuor mené par Charles de Boisseguin et Flore Benguigui bâtit une sorte de thriller musical féministe, dans lequel l’humour n’est pas absent. D’une manière générale, Tako Tsubo remet en question de nombreuses normes, celles qu’imposent les réseaux sociaux ou le succès (Tombée pour la scène), mais aussi celles qu’il faudrait observer pour écrire une chanson (L’Équilibriste). Avec ce deuxième album, L’Impératrice tend un piège aux contours infinis.
© Nicolas Magenham/Qobuz