Zaho De Sagazan – Tristesse
Album: La symphonie des éclairs
Label : Universal Music Division Virgin Music Distribution Deal
© 2023 Disparate
Un chant intime et puissant au plus près du micro, des arpèges à la mélancolie brumeuse et un ardent désir de liberté : La Symphonie des éclairs n’est que le premier album de Zaho de Sagazan, mais il déploie déjà un univers solide et cohérent.
Dans le morceau d’ouverture, La Fontaine de sang, la chanteuse nous invite dans le cockpit d’un vaisseau spatial qui décolle vers une direction onirique et baroque. Sur des musiques qui se réclament à la fois de la techno berlinoise et de l’electronica française, l’album est une réponse singulière à des sujets qui irriguent l’air du temps, comme le phénomène d’emprise dans Les Dormantes, sublime chanson nimbée de séduction insidieuse. Quant au morceau Dis-moi que tu m’aimes et son piano ouaté, il fonctionne comme le souvenir d’une comptine, une ritournelle enfantine qui aurait pour thème le sentiment amoureux dans tout ce qu’il peut avoir d’obsessionnel.
Il est clair aussi que pour la chanteuse de 23 ans, la musique est un moyen d’exorciser ses démons – en l’occurrence une hypersensibilité dont elle a compris qu’elle était une force plus qu’une faiblesse. C’est le sujet de la chanson qui a donné son titre à l’album. Et dans Tristesse, elle exprime avec une sincérité désarmante son quotidien en compagnie de la tristesse, un sentiment qu’elle personnifie de manière étonnante.
On retiendra également le slow spectral Je rêve, ainsi que les plaidoyers pour la liberté que sont les deux chansons qui terminent l’album : Mon Corps et Ne te regarde pas. Avec ces deux morceaux, la chanteuse originaire de Saint-Nazaire se désolidarise d’une génération narcissique. « Il n’y a rien de plus beau que quelqu’un qui ne se regarde pas, qui se fout de ce dont il a l’air et qui juste vit. » Ainsi parle Zaho de Sagazan.
© Nicolas Magenham/Qobuz